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Gérald Darmanin veut un encadrement militaire pour les mineurs délinquants

Écrit par le 23 août 2022

Gérald Darmanin veut un encadrement militaire pour les mineurs délinquants dans les territoires d’outre-mer
Alors que le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, a annoncé lundi la création d’un centre éducatif fermé à Mayotte, celui de l’intérieur va faire des propositions à Emmanuel Macron pour ouvrir « des lieux de rééducation et de redressement ».

Suivant les préceptes de son ancien mentor, Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin prépare sa rentrée politique en appliquant le carpet bombing − littéralement, « le tapis de bombes ». Soit, en marketing, la diffusion massive de messages publicitaires. A deux jours du premier conseil des ministres, prévu mercredi 24 août, le ministre de l’intérieur et des outre-mer multiplie les déclarations martiales et les annonces chocs en matière de sécurité et de lutte contre l’immigration irrégulière. De Mayotte, où il se trouve depuis dimanche matin, il a proposé la mise en place, dans les territoires d’outre-mer – et « singulièrement à Mayotte » –, de « lieux de redressement » pour jeunes délinquants, lesquels seraient encadrés par des militaires.

« Les policiers et les gendarmes que j’ai décorés aujourd’hui évoquaient des mineurs de 12, 11, 10 ans, qui avaient des machettes, des haches, et attaquaient les policiers et les gendarmes », a-t-il déclaré lundi soir devant la presse, à l’issue d’une journée de visites sur cette île de l’océan Indien, coincée entre l’Afrique de l’Est et Madagascar. « Aujourd’hui, les magistrats, et c’est bien normal, les libèrent, puisqu’on ne met pas les enfants en prison (qui est l’école du vice quand on a cet âge-là), mais il faut pourtant leur offrir un lieu de sanction et d’éducation, j’allais dire de rééducation », a-t-il poursuivi.

M. Darmanin a rappelé qu’il s’agissait d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, qui, a-t-il semblé regretter, n’avait « pas été beaucoup discutée ». « Des lieux encadrés par des militaires, qui sont des lieux de rééducation, de redressement d’une partie des enfants, des adolescents très jeunes, qui n’ont pas de parents, ou si peu. On l’a vu un peu à La Réunion, on le voit beaucoup ici à Mayotte. » « Nous devons mettre en place cette promesse du président de la République », a-t-il appuyé. Le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, vient d’annoncer de son côté la création d’un centre éducatif fermé à Mayotte, ce dont M. Darmanin s’est félicité. Le ministre de l’intérieur a précisé s’être entretenu avec le chef de l’Etat au téléphone lundi matin à ce sujet et ajouté qu’il lui ferait des propositions « dès la semaine prochaine », à l’occasion d’un rendez-vous à l’Elysée.

« Donner à la justice les moyens d’agir »
Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait en effet souhaité « la possibilité d’un encadrement par des militaires » pour les mineurs délinquants. Lors de son débat face à Marine Le Pen, entre les deux tours du scrutin, il avait abordé deux possibilités pour les « petits délinquants » : « Soit de la rétention dans un environnement militaire, soit des travaux généraux sous contrôle. » « Il faut donner à la justice les moyens d’agir », avait-il lancé.

Le ministre de l’intérieur a également demandé au directeur général de la police nationale « d’étudier la possibilité d’utiliser des armes intermédiaires », comme celles qui l’ont été pendant des émeutes à Mayotte, lors d’échauffourées mêlant des mineurs. Il a dit de nouveau : « Evidemment, quand on appréhende des mineurs, même extrêmement violents, il n’y a pas la possibilité de tirer à balles réelles, comme on le ferait lorsqu’on est attaqué par des personnes adultes. »

Dimanche, en arrivant à Mayotte, Gérald Darmanin, qui mène une offensive sur le thème de l’immigration depuis le début de l’été, a en outre suggéré de durcir encore l’attribution de la nationalité française aux enfants nés sur l’île, en proie à une forte pression migratoire des Comores voisines. Il souhaite « suspendre le droit du sol tel qu’il existe à Mayotte ». Depuis 2018, un enfant né de parents étrangers sur l’île ne peut acquérir la nationalité française que si l’un de ses parents réside sur le territoire de manière régulière et ininterrompue depuis plus de trois mois avant sa naissance. Ce délai doit passer à « un an », a souhaité M. Darmanin. Cette entorse au droit du sol, qui fait de ce département français une exception, avait suscité de vifs débats à l’Assemblée nationale en juillet 2018, y compris au sein de la majorité.

Info LM / AFP