Émeutes à Marseille : un policier de la Bac incarcéré, trois autres placés sous contrôle judiciaire
Écrit par Admin le 21 juillet 2023
Dans la nuit de jeudi à vendredi, la petite centaine de policiers présents devant le tribunal de Marseille afin de soutenir leur dernier collègue toujours entendu par la juge, s’est de nouveau alignée, afin de créer une haie d’honneur silencieuse. Peu après une heure du matin, un véhicule a effectivement quitté l’enceinte judiciaire avec à son bord, le dernier policier de la Bac déféré ce jeudi matin pour des « violences en réunion ». Comme deux autres de ses collègues, il a été placé sous contrôle judiciaire. Le quatrième mis en cause a été placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet. Tous ont été mis en examen, à l’issue de quarante-huit heures de garde à vue dans les locaux de l’IGPN et au terme d’une journée de tension.
« Ce soir, un collègue dort en prison, déplore Eddy Sid, du syndicat Unité SGP Police FO, les yeux cernés par trois jours de mobilisation. Notre présence aux abords du tribunal a pour but de montrer que la police est une grande famille. Nous ne faisons pas un métier comme les autres. Être policier, c’est un sacerdoce. Mes collègues sont dans un état de sidération. » Également éprouvé, Sébastien Greneron, du syndicat Alliance 13 évoque, lui, « un sentiment mitigé de fatigue et de colère ». Car si trois des policiers mis en cause ont échappé à la détention provisoire, l’incarcération du quatrième ne passe pas. « S’il dort en prison, c’est uniquement parce qu’il est policier, affirme le syndicaliste. J’ai une pensée pour sa famille et pour celle de ceux placés sous contrôle judiciaire. L’heure est au soutien, à la reconstruction. Nous sommes trop à vif pour réagir. »
Pourtant, la réaction de plusieurs fonctionnaires de police ne s’est pas fait attendre. D’après nos informations, de nombreux policiers sont en arrêt maladie dans les brigades anticriminalité du sud, du centre et du nord, mais aussi au service interdépartemental de sécurisation des Transports en commun (SISTC) et à la Compagnie départementale d’intervention (CDI). « Ce mouvement de désarroi n’est absolument pas encadré par les syndicats, reprend Eddy Sid. Mais nous respectons et comprenons cette réaction. » Sébastien Greneron va plus loin et d’après lui, « les symptômes médicaux sont réels. Et ce soir, le désespoir pourrait entraîner la capitulation » de la police.
Issus des Bac centre et sud de Marseille, les quatre hommes sont soupçonnés d’être les auteurs des violents coups reçus par Hedi, un jeune homme de 22 ans qui se trouvait cours Lieutaud, dans la nuit du 1er au 2 juillet alors qu’il « suivait l’hélicoptère qui survolait la ville » avec un ami. Hospitalisé pendant plusieurs jours, il avait livré à La Provence un récit précis, indiquant avoir été victime d’un tir de flash-ball à la tempe puis roué de coups et laissé sur le trottoir à la limite de l’inconscience. Les deux jeunes gens avaient alors identifié des personnels de la Bac, d’après le brassard que portait l’un d’eux et leur équipement. Aujourd’hui, Hedi souffre d’un grave traumatisme crânien qui le contraint à porter un casque pour chaque déplacement ainsi que de multiples blessures.
Refusant de s’exprimer sur l’affaire en cours d’instruction, Sébastien Greneron se retranche derrière la justice. « L’avenir dira si les collègues ont merdé et si ce monsieur dit la vérité, conclut le syndicaliste. 90% des policiers pensent qu’il n’a pas été lynché ».
Info LM / AFP