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Argentine morts en série de baleines australes, une micro-algue suspectée

Écrit par le 5 octobre 2022

Les morts en série de baleines australes ces derniers jours dans le sud de l’Argentine, qui pourraient être liées à la prolifération d’une micro-algue, inquiètent les scientifiques, qui pourtant se félicitent cette année d’une présence record de cétacés depuis 50 ans.

Depuis le premier cadavre relevé le 24 septembre jusqu’au 2 octobre, au moins 13 baleines mortes ont été recensées dans le golfe Nuevo, près de la Péninsule Valdez (1 300 km de Buenos Aires), sanctuaire et lieu de reproduction où la baleine franche australe (Eubalaena australis) revient de juillet à novembre, selon l’Institut de Conservation des Baleines (ICB).

Des autopsies sur les cadavres récupérés – plusieurs sont encore au large – et des analyses de l’eau et de mollusques sont en cours, “pour déterminer la présence éventuelle de biotoxines liées a la prolifération d’algues nocives, communément appelée marée rouge”, selon Agustina Donini, coordinatrice du Programme baleines, citée dans le communiqué de l’ICB lundi.

“Aucune des baleines (mortes) observées à ce jour ne montrait de traces de lésions traumatiques ou d’emprise (dans des filets ou grillages, ndlr), et toutes étaient en bon état de nutrition”, note l’ICB.

Le nombre inhabituellement élevé de baleines mortes en peu de temps dans une même zone suggère qu'”une variable locale d’environnement” a pu contribuer, selon Marcella Uhart, co-directrice du programme.

La “marée rouge” est un phénomène, en partie saisonnier, de prolifération de certaines algues microscopiques, lié à une conjonction de facteurs tels que la température de l’eau, la luminosité, l’acidité ou la salinité. Le pigment des micro-algues peut, selon la quantité, produire des nappes rougeâtres en surface, d’où le nom.

Le maire de Puerto Piramides, Fabian Gandon, a lui aussi paru privilégier cette hypothèse, évoquant “une croissance inhabituelle” de la marée rouge dans les golfes Nuevo et San José.

Recommandation a été donnée à la population locale de ne pas consommer de mollusques bivalves, qui ont la particularité de concentrer les toxines liées à la micro-algue. La toxicité pour l’homme dépend du degré de concentration.

Malgré ces morts en série de baleines, le relevé annuel photo-aérien de l’ICB avait recensé cette saison 1 420 baleines (franches surtout), dont 554 petits, dans les eaux des golfes Nuevo et San José, soit “le plus grand nombre d’individus observé en 51 ans d’études”.

L’ICB assure qu’il y a encore “bien plus de baleines” sur la zone, car le but des survols n’est pas tant de les comptabiliser que d’identifier chaque cétacé, ce qui est possible grâce aux callosités sur la tête de la baleine franche, uniques à chaque animal. L’ICB a ainsi un registre de 4.000 spécimens.

L’ICB n’a pas à ce jour d’explication certaine pour ce retour en nombre des baleines à Valdez, perceptible depuis deux ans environ. Il rappelle aussi que le nombre de baleines mortes est pour l’instant bien en-deçà des 45 recensées en 2021.

Info LM / AFP