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Marseille : « On a toujours été en lutte »… L’Après-M en difficulté un an après son inauguration

Écrit par le 19 novembre 2023

RESTAURATION SOLIDAIRE Le fast-food solidaire, inauguré après des mois de lutte sociale en décembre 2022 sur l’emplacement d’un ancien McDonald des quartiers nord de Marseille, a lancé un appel aux dons de 300.000 euros alors que la région annonce ne pas les soutenir.

Il va leur falloir lutter encore, et la somme est conséquente. Faisant face à des difficultés de trésorerie, l’Après-M, fast-food solidaire inauguré après des mois de lutte sociale en décembre 2022 sur l’emplacement d’un ancien McDonald des quartiers nord de Marseille acquis par la ville, a lancé un appel aux dons de 300.000 euros. Un mois après son lancement réalisé avec la tenue d’une soirée de concerts gratuits réunissant quelques anciennes gloires du rap se produisant bénévolement (Faf Larage, 3e œil…), la cagnotte affiche tout juste 3.000 euros de promesses de dons.

Le restaurant, dont la genèse remonte à des actions de solidarité et de distributions de nourriture lors du premier confinement provoqué par la crise du Covid-19, précise que cette somme permettrait de « rééquilibrer la trésorerie et de continuer à développer [leurs] activités ». A ce jour, l’entreprise aux statuts associatifs assure la distribution hebdomadaire de 700 colis alimentaires, en plus de son activité de fast-food conventionnelle pour laquelle certains burgers ont été développés en collaboration avec Gérald Passedat, chef triplement étoilé du Petit Nice. Elle commence aussi à multiplier les événements culturels. Un « comédie club », en partenariat avec le théâtre du Gymnase – Bernardines, s’est joué le 20 octobre, une soirée ciné-débat s’est organisée à l’Alhambra le mercredi précédent… « Notre objectif est de lutter contre toutes les précarités, y compris culturelles », indique Lila, bénévole en charge de la communication. Des actions de solidarités que devaient permettre les recettes dégagées par le restaurant.

La région n’interviendra pas
Mais voilà, visiblement, l’équation ne tombe pas juste et l’association se retrouve confrontée à une difficile réalité économique. « Nous avons ouvert avec une trésorerie très faible, contrairement à nos  »concurrents », et comptons sur une subvention de l’institution qui aide les entreprises de l’économie sociale et solidaire », poursuit la bénévole. Un dossier a bien été déposé il y a environ un an auprès de la région, qui indique sur son site consacrer pour l’ensemble de ses interventions dans le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS), qui réunis près de 11.800 entreprises en Paca, un budget global de près de 16 millions d’euros par an.

Mais cette aide ne viendra pas, a appris 20 Minutes du côté de la place Jules Guesde : « Il y a deux ans, la mairie de Marseille a annoncé sauver l’Apres-M, avec un projet d’envergure qui permettait de donner une perspective. Sans aucune concertation avec la région, et sans jamais nous consulter. Deux ans plus tard, le même Apres-M a besoin de 300.000 euros pour sauver le projet. Bien entendu, la Région n’est pas compétente pour venir sauver un projet auquel elle n’a jamais été associée, et ne versera donc aucune subvention. »

Entre les lignes, nous lisons donc que l’Après-M pourrait être une sorte de victime de la rivalité politique, voire des désormais fameux « chicayas locaux », opposant une mairie de gauche incarnée par Benoît Payan (DVG) à une région de droite, présidée par Renaud Muselier (Renaissance). Dès lors, il convient de s’interroger sur l’avenir des 32 salariés du singulier fast-food qui tourne aussi avec une poignée de travailleurs en contrat chantier-insertion, et une trentaine de bénévoles assurant les fonctions supports (communication, comptabilité, événementiel…). « On a toujours lutté pour préserver ce lieu, assure Lila qui accueille cette nouvelle avec « tristesse ». Mais on ne comprend pas pourquoi nous n’avons pas le soutien de ceux qui pourraient nous aider ». Sollicitée, la mairie, qui loue les locaux à l’association, n’a pas été en mesure ce jour de répondre à nos questions sur une éventuelle aide.

Encore des projets
Reste que l’entreprise subit aujourd’hui des investissements conséquents, réalisés donc avec une faible trésorerie. Notamment des bornes automatiques de commandes et de paiements comme l’on en trouve dans les chaînes de fast-food. Pour autant on se veut rassurant, pour l’heure, sur la pérennité du projet. « L’argent dont nous avons besoin doit permettre de faire des investissements, comme un projet de conserverie afin de transformer les dons de fruits et légumes trop abîmés pour être distribués dans les colis ».

Mais chez les bénévoles, une pointe de fatigue et d’amertume semble poindre : « Aujourd’hui, on lève un peu pied sur le travail qu’on fait au détriment de nos vies personnelles », explique Lila, qui regrette que le fast-food « n’ait pas encore pu commencer à lutter d’égal à égal avec les autres acteurs d’un milieu économique cruel et concurrentiel ». Il faudrait pour cela un peu d’argent frais.

Info LM / AFP